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Analyse des propositions de Segolene Royal

12 février 2007

La Présidente de la confiance retrouvée?

1. Investir massivement dans l'innovation et la recherche : augmentation pendant le quinquennat du budget de la recherche et des crédits publics pour l'innovation de 10 % par an [...].

On ne peut guère être contre cette proposition, qui cible l'innovation comme levier de croissance. De plus la recherche fondamentale étant à la base de toute application, cette proposition devrait receuillir tous les suffrages. Néanmoins elle pose deux problèmes.

Le premier est qu'en jouant sur le levier budgétaire, Ségolène Royal fait monter les critiques sur le chiffrage de son projet. Néanmoins en cas de succès de cette politique un cercle vertueux est enclenché, qui permet à la croissance de compenser les dépenses liées à l'augmentation budgétaire!! Ceci est donc un faux procès. Le second problème est l'effectivité de l'augmentation budgétaire sans une restructuration de la recherche publique garantissant l'effectivité de cette dépense. Arguant de la récente restructuration de l'innovation en France, et se reportant à la "chasse au gaspillage" énoncé dans son discours de Villepinte, il y a de forte raison de croire que l'augmentation de ces crédits ne se perdra pas dans la "machine-état". De plus la recherche ayant tellement besoin de crédit, que ceux-ci ne pourront être que bénéfique.

Le placer en 1.1 prouve l'importance accordé à l'objectif de croissance, qui pour cause de déficit budgétaire, est largement tributaire de l'innovation il est vrai.

2. Mettre en place une politique industrielle capable de préparer l'avenir et de réduire les risques de délocalisations avec la création d'une Agence nationale de réindustrialisation.

Tout se complique déjà avec un discours parasité dans son fond par un brin de démagogie. Il est clair que dans cette mesure le spectre à chasser est celui des délocalisations. L'absence de détail sur la politique industrielle (laquelle, supporter par qui) ne nous permet que de ne pas être contre, sans pour autant applaudir des deux mains face au manque de détail.

D'un point de vue économique cette chasse aux délocalisations parait pure démaogie et bien vaine dans un discours politique. Néanmoins d'un point de vue politique ceci montre la volonté du politique de ne pas abandonner ses prérogatives et certains leviers de controle sur son territoire. Il faut retenir en priorité le volontarisme politique de cette mesure. Elle marque un tournant, en mettant fin à la politique des bras ballants face aux délocalisations. Meme si elle reste à préciser cette mesure marque le retour du politique dans un domaine qu'il avait laissé échapper.

Quant à la méthode de création d'une agence, il ne reste plus qu'à éspérer qu'elle fédère l'existant plutôt qu'elle ne crée un nouvelle machine étatique se superposant à l'existant, et faisant prendre corps au risque de dérive budgétaire.

3. Soutenir les PME avec la création de fonds publics régionaux de participation et en leur réservant une part dans les marchés publics.

Si elle n'est pas perçue comme telle, voici peut être LA mesure phare de ce premier point. Le financement des PME est ici traité en amont par le financement réel et la création des fonds de financement et en aval en leur assurant une demande fixe, réduisant les écarts d'activité. Pour les adversaires d'un tel interventionnisme étatique, qui s'autoproclament libéraux, il est à noter que cette mesure existe aux States dans le Small Business Act. Cette mesure n'est donc en rien surinterventionniste mais est une ajustation nécésaire face aux problèmes récurrents des PME francaises qui sont rachetées ou meurents avant leur face de haute croissance (cf Rapport Gazelle du CE en 2006). En complément avec l'existant plan gazelles récemment mise en place, les PME retrouvent la place qui leur est due en termes de moteur de la croissance. Il faut noter ici que la dérive budgétaire estcensé être autofinancé par les retombées positives de la réforme en termes de croissance. Le problème est évidemment la différence de temporalité entre le financement et le reoutr sur investissement. Enfin les socialistes ajustent un plan ambitieux sur les PME!

4. Donner la priorité à l'investissement des entreprises avec un taux d'impôt sur les sociétés plus bas si le bénéfice est réinvesti et plus haut s'il est distribué aux actionnaires.

Nous sommes ici face à une mesure fiscale qui nous fait rentré au cœur de la dialectique socialiste dans ce qu’elle a de plus critiquable et de plus critiquée. Cette mesure vise a inciter les entreprises à faire le choix de la croissance et de la consolidation par l’investissement, et par la même du maintien des emplois d’une certaine manière, que de la prise de profits. Il faut bien dire qu’ici seule votre classe sociale et votre (in)existant portefeuille d’action peut vous faire rechercher un intérêt privé dans cette mesure.

En y regardant de plus près cette mesure comporte le risque majeur de bloquer le financement  des entreprises par le recours des actionnaires. En effet ils savent de facto  que soit ils toucheront un profit qui pèsera sur les comptes de l’entreprise par une hausse d’impôt, soit ils détiendront une action d’une entreprise saine et en profit mais ils n’ont aucun retour sur investissement ni aucun intérêt à détenir cette action. On est ici dans un point sensible de la doctrine socialiste. Il faut d’emblée ajouter que l’actionnariat populaire n’existant pas en France, cette mesure s’adresse aux fonds d’investissement et très peu aux particuliers.

Encore une fois cette mesure marque le retour d’un interventionnisme sur un terrain délaissé, celui des profits. Certes il ne s’agit pas de prendre les profits, mais d’inciter à leur réinvestissement. Il s’agit d’un levier économique intéressant, qui peut rendre sa compétitivité fiscale à

la France.

Néanmoins

cette mesure comporte un risque d’une baisse des financements. A vrai dire ici c’est selon votre position sociale que vous jugerez et surtout vous devrez vous positionnez vous-même face à l’intervention du politique dans ce champ. 

5. Sécuriser le parcours des jeunes créateurs en soutenant la création d'entreprises [...].

N’en déplaise à beaucoup cette mesure doit faire l’objet d’un consensus assez rare. Que peut on sérieusement envisager de critiquable sur cette mesure ?

L’idée est une évidence pour relancer la croissance. Ce qui est moins une évidence, c’est le comment. Et là, aucune information ne m’est parvenue.

Il reste cependant à commenter quelque chose sur ce point, et qui n’est pas le premier dans ce cas. Le retour d’une vision progressiste de l’économie des socialistes qui sont très loin de s’enferrer dans un conservatisme social, en développant des idées pour relancer la croissance, et la confiance. En empruntant, au « libéralisme » qui a fait ces preuves dans ces mesures, les socialistes renouent avec une certaine tradition sociale démocrate, de création avant le partage. Ainsi par ces mesures il s’agit de relancer l’économie et la confiance en embrayant des cercles vertueux avant d’envisager des mesures plus socialistes. Il est évident que ces points ne feront pas le consensus à la gauche de la gauche, néanmoins ils ont le mérite de replacer le politique au cœur de l’économie, tout en agissant par une politique économique de long termes sur la compétitivité du pays.

6. Réformer l'Etat : un euro dépensé doit être un euro utile. Une décentralisation aboutie. Des services publics de qualité présents sur tout le territoire et accessibles par Internet. La généralisation des logiciels libres dans l'administration.

Sans être trop méchant je qualifierai ce point de « fourre-tout ». Il contient trois propositions, qui mériteraient d’être développé par elle-même et une proposition concrète. Commençons par celle la. Les logiciels libres dans l’administration sont une évidence, ici encore qui peut s’insurger contre cette mesure. Ceci fera faire des économies considérables à l’Etat tout en n’affectant aucunement son efficacité. Néanmoins il faudra compter sur le coût de formation des agents, qui toutefois ne devraient pas remettre en cause l’efficacité financière de cette réforme.

Ensuite deux propositions concernent la réforme de l’Etat, faisant mention de « services publics de qualité, présents sur tout le territoire ». On demande tellement de détails après cela. Néanmoins encore une fois la gauche renoue avec le progressisme, en affichant sa volonté de secouer et rationaliser la machine étatique. Sans grand slogan «  a bas les fonctionnaires », ce point prouve une double volonté. Celle d’abord de renforcer et réaffirmer les services publics et leurs accessibilités, avant celle ensuite d’en faire des services ultra performants répondant aux besoins (notamment en termes d’Internet).

Un autre tournant est à noter celui de la reconnaissance de l’Etat gestionnaire. Vilipendé par son incapacité à gérer et sa sclérose, l’Etat a depuis trop longtemps répondu à la critique en abandonnant la gestion. Par cette mesure, on indique clairement le retour de l’Etat aux affaires, par une rationalisation et une gestion saine. Socialiste et progressiste, est-ce possible ?

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12 février 2007

Intro

Me revoici sur un blog.

Voila apres avoir publié ma lettre ouverte a Segolene Royal, je souhaite analyser son discours politique. Point par point.

N'hésitez pas a discuter, commenter et SURTOUT critiquer ce que vous allez lire.

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Analyse des propositions de Segolene Royal
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